Asthme : tout savoir !
Qu’est-ce que l’asthme?
Définition
L’asthme est une maladie inflammatoire des voies aériennes pulmonaires (bronches et bronchioles ou petites bronches), caractérisée par une obstruction réversible au passage de l’air entraînant des épisodes récidivants de toux, sifflements, dyspnée (difficulté à respirer) et sensations d'oppression dans la poitrine.
Il s’agit d’une maladie chronique, entrecoupée d’épisodes aigus allant de la simple gêne respiratoire à des exacerbations (appelées poussées ou crise d’asthme) correspondant à la survenue de symptômes sur plusieurs jours nécessitant une hospitalisation parfois en réanimation.
Lorsque l’on respire, l’air pénètre dans les bronches pour arriver aux poumons. Chez une personne asthmatique, on observe un épaississement (œdème) et une inflammation de la paroi (muqueuse) bronchique. En raison de cette inflammation permanente, les bronches présentent une hyperréactivité à certaines substances qui est à l’origine de la contraction des muscles qui entourent les bronches (spasme bronchique) et ainsi des symptômes.
Il existe schématiquement 2 types d’asthme :
- l’asthme à début précoce, le plus souvent allergique, qui se manifeste souvent dans l’enfance: les patients sont atopiques, c’est-à-dire qu’ils présentent une prédisposition au développement d'allergies vis-à-vis des allergènes que l’on respire : acariens, poils d’animaux, moisissures, pollens... Leurs tests d’hypersensibilité cutanée (prick tests) sont alors positifs à ces différents allergènes. Ils présentent généralement des antécédents familiaux, associés à d’autres affections allergiques comme l’eczéma ou le rhume des foins.
- l’asthme à début tardif, souvent non allergique, qui n’est pas déclenché par la présence d’un allergène et dont les causes et les traitements ne sont pas encore clairement établis aujourd’hui. Ces asthmes sont volontiers associés à la présence de polypes dans le nez.
L’asthme est-il fréquent ?
L’asthme est une pathologie très fréquente : 339 millions de personnes souffrent d’asthme dans le monde. Le nombre de patients asthmatiques est en augmentation avec plus de 4 millions d’asthmatiques en France (8 % de la population générale et 9 % des enfants).
L’asthme est responsable chaque année de près de 60 000 hospitalisations et près de 1 000 décès.
Symptômes et complications de l’asthme
Les symptômes de l’asthme peuvent être intermittents ou persistants et sont généralement plus importants la nuit ou au lever.
Les principaux symptômes de l’asthme sont :
- une toux sèche (souvent à l’effort ou la nuit) qui persiste
- un essoufflement et une difficulté à respirer profondément
- une respiration sifflante
- une oppression dans la poitrine ou au niveau de la cage thoracique
D’autres signes plus angoissants peuvent apparaître lors d’une exacerbation (ou poussée):
- une sensation d’étouffement
- une difficulté à remplir ses poumons d’air ou à les vider
- des sifflements bruyants.
La durée d’une exacerbation peut varier considérablement selon les individus, les circonstances déclenchantes (durée d’exposition et concentration du facteur déclenchant), ainsi que la nature et le début du traitement. Elle peut ainsi durer quelques heures ou s’étendre sur plusieurs jours.
Entre deux épisodes, la respiration est le plus souvent normale.
La maladie peut altérer la qualité de vie des patients. Elle peut notamment être à l’origine d'insomnies, d’une baisse d’activité physique ou encore d’un absentéisme à l’école ou au travail.
Causes et facteurs de risque de l’asthme
L’asthme résulte de l’association de prédispositions génétiques et de facteurs environnementaux favorisants.
Parmi les facteurs déclenchants les symptômes de l’asthme, on trouve :
- la fumée de tabac, y compris le tabagisme passif
- la pollution atmosphérique
- la poussière
- les irritants chimiques (produits d’entretien et cosmétiques)
- les changements climatiques rapides (air froid et sec)
- les infections respiratoires surtout virales (grippe, bronchiolites à répétition, rhinites non allergiques ou rhumes classiques…)
- les émotions vives (stress)
- l’exercice physique (effort)
- le contexte hormonal, avec en particulier l’asthme prémenstruel.
Les allergènes font également partie des facteurs déclenchants. Il s’agit le plus souvent des allergènes domestiques, que l’on trouve dans les habitations : les acariens surtout mais aussi les poils d’animaux et les moisissures. Les pollens et les aliments sont moins souvent en cause.
De plus, la rhinite allergique (rhume des foins) ou parfois dans l’asthme non allergique la polypose nasale est également un facteur aggravant de l’asthme. On observe souvent plus de déstabilisation de l’asthme chez les patients ayant également une rhinite allergique. Cela s’explique par la continuité entre les muqueuses du nez et des bronches. Ainsi, lorsqu’un allergène entre en contact avec l’une de ces muqueuses, il cause le même type d’inflammation au niveau de l’autre.
Le terrain allergique (ou atopique) est un facteur de risque majeur de l’asthme chez l’enfant. En effet, lorsqu’un seul conjoint est allergique, le risque pour l’enfant de développer des allergies est de 20 à 30 %. Si les deux conjoints sont allergiques, le risque atteint alors 40 à 60 %. Ainsi, bien qu’il soit fréquent de retrouver une prédisposition familiale au développement de l’asthme, la transmission de la maladie asthmatique des parents à leurs enfants est loin d’être systématique.
Diagnostic de l’asthme
L’asthme est une pathologie souvent sous-diagnostiquée. Une visite chez son médecin traitant est recommandée lors de l’apparition d’une toux sèche persistante, de sifflements respiratoires, d’essoufflement, de sensation d’oppression dans la poitrine, de réveils nocturnes ou de limitation dans les activités liées à des difficultés respiratoires.
Le diagnostic de l’asthme repose alors sur un interrogatoire minutieux du patient par le médecin traitant sur les sujets suivants : les antécédents familiaux d’asthme et d’allergies, les symptômes ressentis (crises d'essoufflement, sifflement, toux), la fréquence et l’intensité des gènes respiratoires, les circonstances dans lesquelles elles se déclenchent (à domicile, sur le lieu de travail, lors de pics de pollution...) et la présence d’éventuelles autres infections virales (rhinite, sinusite...) sont à rechercher.
Pour confirmer le diagnostic de l'asthme, les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) sont réalisées par un pneumologue. Elles consistent à mesurer les principales caractéristiques du souffle et permettent d'évaluer la sévérité de l’asthme.
- Le VEMS (Volume Expiratoire Maximal par Seconde) est mesuré à l’aide d’un spiromètre (appareil électronique muni d’un embout buccal dans lequel le patient souffle) et constitue un indice de référence de l’obstruction bronchique.
Un trouble ventilatoire obstructif est défini par un VEMS < 80 % des valeurs prédites* ou par un VEMS/CV (rapport de Tiffeneau) < 70 % avec CV (ou Capacité Vitale) qui correspond à la quantité maximale d'air qu'une personne peut expulser des poumons après une inspiration maximale. Le diagnostic d’asthme peut être porté si le VEMS s’améliore de plus de 200 ml et de plus de 12% de sa valeur de base après la prise d’un bronchodilatateur d’action rapide (salbutamol).
Elles prennent en compte l’âge, le sexe, la taille et l’origine ethnique - Le DEP (Débit Expiratoire de Pointe ou peak flow) est calculé à l’aide d’un débitmètre de pointe et mesure la vitesse maximale du souffle du patient asthmatique lors d'une expiration forcée.
Les valeurs normales ou théoriques du DEP dépendent du sexe, de l'âge et de la taille : elles sont de 400 à 550 litres par minute chez la femme et de 500 à 650 litres par minute chez l’homme, mais le DEP est surtout mesuré pour comparer à l’état de base.
Pour chaque patient, la meilleure valeur (“valeur de référence”) qui est atteinte quand l’asthme est équilibré est enregistrée. Lors de la surveillance de l’asthme, on compare chaque nouvelle mesure du DEP du patient à sa valeur de référence, le plus souvent sous la forme d’un pourcentage (= 100 x DEP mesuré / DEP de référence). Il s’agit de la variabilité du DEP. Une variation inférieure à 20% est considérée comme normale.
Lors des crises, les gaz du sang artériel peuvent être effectués. L’estimation des taux d’oxygène et de gaz carbonique dans le sang permet d’évaluer l’efficacité de la respiration.
>> À lire notre article “Le diagnostic de l’asthme raconté par les membres Carenity”
Des tests cutanés (ou prick test) doivent également être réalisés pour préciser si l’asthme est d’origine allergique et identifier les allergènes en cause.
Une mesure du contrôle de l’asthme doit être réalisée grâce à un auto-questionnaire (Asthma control questionnaire ou ACQ, ou Asthma control test, ACT). Faciles à réaliser, ces questionnaires permettent de déterminer si l’asthme est parfaitement contrôlé (pas du tout de symptômes), non contrôlé (symptômes inacceptables) ou contrôlé de façon acceptable (quelques symptômes). C’est la mesure du contrôle de l’asthme qui va dicter le traitement.
Les traitements de l’asthme
Il existe 5 paliers thérapeutiques successifs. Lorsque l’asthme nécessite un palier 4 ou 5 pour être contrôlé, il s’agit d’un asthme sévère.
Mesures préventives
Les mesures préventives font partie intégrante du traitement de l’asthme.
Elles consistent à :
- limiter le contact avec les allergènes incriminés ;
- éviter l’exposition tabagique (tabagisme passif ou actif) qui augmente les exacerbations (accentuation des symptômes), diminue la sensibilité aux corticoïdes (traitement) et accélère le déclin de la fonction respiratoire ;
- éviter les toxiques domestiques (produits ménagers, composés organiques volatils…), professionnels (silice, fumées toxiques…) et les polluants atmosphériques (ozone, oxyde d’azote…) ;
- arrêter les médicaments susceptibles de déclencher des crises, en cas d’intolérance à l’aspirine, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), et les β-bloquants.
La vaccination est également recommandée tous les ans pour la grippe et tous les 5 ans pour le pneumocoque.
Traitement des exacerbations ou crise (dit traitement de secours)
Il est nécessaire d’avoir un traitement en cas de crise à tous les stades de la maladie et le traitement est le même quel que soit le stade de sévérité de l’asthme.
Depuis 2019, la GINA (Global Initiative for Asthma) recommande une nouvelle stratégie de traitement symptomatique des symptômes et des exacerbations.
En effet, elle préconise l’utilisation de l’association corticostéroïdes inhalés (CSI)-formotérol à faible dose, au besoin. Parmi ces CSI (qui ont un effet anti-inflammatoire au niveau des bronches), les données positives obtenues jusqu’à maintenant concernent l’utilisation du budésonide (Symbicort Turbuhaler®, Duoresp Spiromax® ou Gibiter Easyhaler®), mais le BDP ou beclomethasone dipropionate (Innovair®) semble également convenir.
Les effets indésirables des corticoïdes (ou corticostéroïdes) inhalés sont la candidose oropharyngée, une dysphonie (enrouement) et une voix rauque. Il est donc recommandé de se rincer la bouche après inhalation pour prévenir ces effets secondaires très rares.
Comme autre option de traitement de secours, les agonistes β2-adrénergiques (qui dilatent les bronches) d’action brève (BAAR) peuvent être utilisés dès les premiers symptômes de crise. Parmi eux, les médicaments les plus prescrits sont le salbutamol en première intention (Airomir Autohaler®, Ventoline®, Ventilastin Novolizer®), le fénotérol associé à l’ipratropium (Bronchodual®) et la terbutaline (Bricanyl Turbuhaler®). Il faut inhaler 1 à 2 bouffées et renouveler l’inhalation quelques minutes plus tard si nécessaire.
Les agonistes β2-adrénergiques peuvent être également utilisés en prévention de l'asthme d'effort ou d’une exposition à des allergènes (il faut alors inhaler 1 à 2 bouffées 15 minutes avant l'exercice ou l’exposition) et lors du traitement symptomatique de l’asthme aigu grave (par voie inhalée par nébulisation ou brumisation).
Ils ont un effet en 2-3 minutes et qui persiste 4 à 6 heures. Les effets indésirables qui peuvent apparaître suite à la prise de ces médicaments inhalés sont une tachycardie, des tremblements des extrémités, des céphalées (maux de tête) et une irritation de la gorge avec toux.
Plus rarement, des anticholinergiques (ou antagonistes muscariniques qui provoquent eux aussi une dilatation des bronches) par voie inhalée peuvent aussi être utilisés dans le traitement symptomatique de la crise d’asthme, comme l’ipratropium bromure (Atrovent®). Ils nécessitent l’inhalation d’1 à 2 bouffées, à renouveler si nécessaire quelques minutes plus tard.
Traitements de fond (ou de contrôle)
L’objectif des traitements de fond est de diminuer la fréquence et l’intensité des symptômes.
Il ne concerne pas le palier 1 de l’asthme qui nécessite uniquement un traitement des symptômes à la demande mais devient nécessaire à partir du palier 2.
Pour le traitement continu de l’asthme persistant chez l’adulte et sévère de l’enfant, on recommande l’utilisation de corticostéroïdes par voie inhalée (CSI) à faible dose quotidienne : béclométasone (Beclojet®, Beclospray®, Becotide®, Qvar®, Beclone®, Bemedrex®, Miflasone®), ciclesonide (Alvesco®), propionate de fluticasone (Flixotide®), budésonide (Pulmicort®, Novopulmon®, Miflonil®) et mometasone (Asmanex®).
La réponse des CSI est très variable d’un individu à l’autre et on augmente leurs doses selon le contrôle de l’asthme, à condition que le traitement soit bien pris (bonne observance) et que les facteurs déclenchants soient pris en compte. Ils nécessitent en général 2 doses quotidiennes.
Comme autre option de traitement de contrôle de l’asthme au stade 2 les antagonistes des récepteurs des leucotriènes ou ARL, comme le montélukast (Singulair®), qui nécessitent la prise d’1 comprimé de 10 mg par jour au coucher.
Puis, à partir du palier 3, des agonistes β2-adrénergiques d’action prolongée (BALA) sont prescrits dans le traitement symptomatique continu de l'asthme (à faible dose pour le palier 3 et à dose moyenne pour le palier 4). Ils nécessitent 1 à 2 inhalations 2 fois par jour.
Ils ont un effet rapide, comme le formotérol (Formoair® ou Atimos®), ou retardé, comme le salmétérol (Serevent®) après 15 minutes, mais sont de longue durée (12 heures).
Ils sont prescrits en association fixe avec des corticoïdes à faible ou moyenne dose : formotérol + béclométasone (Formodual® ou Innovair®), formotérol + budésonide (Symbicort®), formotérol + fluticasone (Flutiform®) ou encore salmétérol + fluticasone (Seretide®).
Enfin, pour le traitement des formes d’asthme sévère (stade 4 et 5), on utilise l’association CSI/BALA à dose élevée et éventuellement les anticholinergiques de longue durée d’action comme le tiotropium (Spiriva®).
Des biothérapies (traitements par des organismes vivants ou des substances provenant de ses organismes) peuvent également être utilisées. Parmi elles, on trouve des anticorps anti-IgE comme l’omalizumab (Xolair®), des anti-IL5/5R comme le mepolizumab (Nucala®) et des anti-IL4/IL13R comme le dupilumab (Dupixent®). Ces 3 derniers traitements sont administrés par injection sous-cutanée par un professionnel de santé. Ils s’adressent aux asthmes sévères qui doivent être pris en charge par un spécialiste de l’asthme. Une autre thérapie innovante pour ces patients est la thermoplastie bronchique, qui repose sur la destruction du muscle bronchique par radiofréquence au cours d’une endoscopie.
>> À lire notre article “les biothérapies dans l’asthme”
Il est parfois encore nécessaire d’utiliser les glucocorticoïdes par voie orale (CSO) comme la prednisolone (Solupred®), la bétaméthasone (Célestène®) ou la dexaméthasone (Dectancyl®). La durée de traitement et la dose utilisée doit être la plus courte possible car ils entraînent de nombreux effets indésirables (prise de poids, fragilité de la peau, fonte musculaire, ostéoporose…). Le traitement des exacerbations repose sur l’utilisation de prednisolone ou de prednisone pendant 5 jours.
Ils nécessitent 1 prise le matin (+ 1 le soir si forte dose) au cours du repas.
Finalement, le passage d’un stade de traitement à un autre repose sur le niveau de contrôle de l’asthme mesuré par l’ACQ ou l’ACT :
- si le traitement permet le contrôle de l’asthme pendant 3 mois, il y a possibilité de diminuer progressivement les doses ou le nombre de molécules utilisées ;
- à l’inverse : si l’asthme n’est pas contrôlé, il est possible d’augmenter les doses de corticoïdes inhalés (CSI) ou d’ajouter une molécule. Avant d’amorcer une escalade thérapeutique il convient cependant de vérifier la bonne prise du traitement dont les échecs sont le plus souvent dus à une inobservance. C’est ainsi que l’éducation thérapeutique du patient est essentielle dans l’asthme.
Asthme aigu
Lors de l’apparition brutale ou rapidement progressive des symptômes une consultation en urgence doit être envisagée.
Le traitement de l’asthme aigu doit être débuté à domicile par le patient en prenant 2 bouffées de son bronchodilatateur d’action rapide, renouvelé toutes les 10 minutes en l’absence d’amélioration. En cas d’inefficacité ou de véritable sensation d’étouffement d’emblée, il faut considérer qu’il s’agit d’un asthme aigu grave et appeler le 15 (SAMU) ou le 112 (numéro d’appel d’urgence). Il ne faut pas se rendre à l’hôpital par ses propres moyens mais attendre les secours.
Lors de la prise en charge à l’hôpital, des agonistes β2 d’action brève à fortes doses sont utilisés en nébulisation (brumisation), avec ajout d’oxygène et de corticoïdes par voie orale (prednisolone).
Il est important ensuite d’éviter la récidive (30% des asthmatiques récidivent dans le mois). Pour cela, la corticothérapie (utilisation de corticoïdes) orale est prolongée de 3 à 7 jours. Il est nécessaire de suivre ou de renforcer le traitement de fond et il est important de veiller à toujours avoir son traitement disponible et apprendre à bien utiliser son dispositif d’inhalation.
Vivre avec l’asthme
Bonne utilisation des dispositifs d’inhalation
Chaque type d’inhalateur a une technique d’utilisation spécifique (de courtes vidéos permettent de visualiser le fonctionnement de chaque inhalateur sur le site de l’Assurance Maladie).
Il existe différentes catégories de dispositifs :
- les aérosols-doseurs pressurisés : le médicament se trouve dans un flacon pulvérisateur (il est en suspension dans un liquide et est propulsé par un gaz). Lorsque l’on appuie sur le flacon, une dose précise de médicament correspondant à une bouffée est libérée. La pression sur la cartouche et l’inspiration doivent se faire de manière simultanée : une bonne coordination main-bouche est donc nécessaire.
- les aérosols-doseurs auto-déclenchés : ils suivent le même principe mais la délivrance du médicament se fait de façon automatique, par inspiration lente.
- les inhalateurs de poudre sèche : le médicament se présente sous la forme d’une poudre sèche dosée dans une capsule ou dans le dispositif de l’inhalateur. Un mécanisme (bouton poussoir, molette..) permet de libérer la dose de médicament et une profonde inspiration permet ensuite l’inhalation.
Les inhalateurs de poudre sèche peuvent être mono-doses (gélule à insérer dans le dispositif avant inhalation) ou multi-doses (réservoir avec de nombreuses doses, équipé d’un compteur de doses).Ces inhalateurs sont sensibles à l’humidité : il ne faut donc pas souffler dans le dispositif, ne pas le laver et le garder au sec. - les nébulisateurs : le médicament est contenu dans un mélange d’air et d’eau. Il est projeté sous forme de fines gouttelettes et inhalé à l’aide d’un masque ou d’un embout buccal.
Toutefois, 3 consignes sont valables pour tous les types d’inhalateurs :
- Expirer à fond pour bien vider ses poumons
- Inspirer profondément pendant que l’on actionne l’inhalateur
- Retenir sa respiration pendant 10 secondes.
Enfin, on peut noter qu’en cas d’exacerbations chez l’adulte ou de difficulté à utiliser les aérosols-doseurs, il est possible d’avoir recours à une chambre d’inhalation. Elle permet d’éviter la coordination mains-bouche et diminue la vitesse et la taille des particules (le dépôt de ces dernières au niveau pulmonaire est donc amélioré).
Elle est composée de deux parties : un réservoir qui s’emboîte sur l’aérosol, l’autre qui se place sur la bouche. Un masque facial est nécessaire chez les enfants de moins de 6 ans, sinon un embout buccal est suffisant. Ils doivent être nettoyés à l’eau après chaque utilisation. La chambre complète doit être nettoyée à l’eau une fois par semaine et doit être changée quand elle devient opaque.
Evaluation du contrôle de l’asthme
La nature et l’intensité du traitement de fond sont déterminées par le niveau de contrôle de l’asthme.
Différents outils existent pour évaluer son contrôle :
- les critères GINA qui définissent 3 niveaux de contrôle de l’asthme :
- asthme contrôlé si tous les items sont validés (aucun symptôme pendant la journée ou moins de 2 par semaine, aucun symptôme nocturne, aucun traitement de secours et un rapport VEMS/DEP normal ;
- asthme partiellement contrôlé si au moins 1 item est présent au cours d’une semaine (plus de 2 symptômes diurnes, présence de symptômes nocturnes, utilisation de plus de 2 traitements de secours par semaine et VEMS/DEP < 80% ;
- asthme non contrôlé lorsqu’il y a plus de 3 items du contrôle partiel présents pendant une semaine.
- le questionnaire ACT (Asthma Control Test) : si le score est < 20 alors l’asthme est considéré comme insuffisamment contrôlé ;
- la valeur du débit expiratoire de pointe (DEP ou peak flow) : correspond à la vitesse maximale du souffle d'un patient asthmatique lors d'une expiration forcée ;
- le nombre de recours au traitement d’une crise permet également d’estimer si l’asthme est contrôlé.
Les raisons à l’origine d’un asthme non contrôlé peuvent être diverses :
- traitement de fond inadapté ou insuffisant
- mauvaise adhésion au traitement par le patient (par exemple en raison de l’apparition d’effets indésirables)
- mauvaise utilisation des dispositifs d’inhalation
- expositions environnementales à des facteurs déclenchants
- infections ORL associées
- surpoids et obésité.
La mesure du DEP ou peak flow doit être effectuée de manière régulière et il est conseillé de tenir à jour un calendrier vaccinal.
L’asthme pendant la grossesse
La majorité des traitements de contrôle de l’asthme sont sans risque pendant la grossesse. Les corticoïdes inhalés (CSI) et les β2-agonistes de longue durée d’action (BALA) inhalés ont un haut rapport bénéfice/risque pendant la grossesse et doivent être utilisés sans réserve selon les recommandations GINA.
L’asthme non contrôlé, en revanche, peut être associé à un plus grand risque de :
- prééclampsie (hypertension artérielle et apparition de protéines dans les urines à l’origine d’importantes complications), placenta praevia (localisation anormale du placenta qui peut être responsable d'hémorragies sévères), hémorragies (saignements) ;
- césarienne ;
- fausses couches spontanées ;
- diabète gestationnel ;
- faible poids à la naissance ou enfant prématuré.
Il est toutefois tout à fait possible d’avoir un enfant lorsque l’asthme maternel est bien traité. La programmation de la grossesse avec son médecin traitant, ne pas interrompre son traitement de fond, surveiller les signes d’aggravation de l’asthme (baisse de la fonction respiratoire) et se protéger des facteurs déclenchants ou irritants (ne pas fumer) permettent entre autres d’avoir une grossesse sans complications.
L’asthme de l’enfant
Il est le plus souvent d’origine allergique : des prick tests (tests de sensibilité cutanée) sont alors réalisés pour identifier les différents types d’allergies en cause.
Les objectifs particuliers chez l’enfant asthmatique sont notamment le maintien d’une vie scolaire et sportive normale.
Le traitement est le même que celui chez l’adulte mais les techniques d’inhalation sont différentes avec l’utilisation d’une chambre d’inhalation avec masque ou embout buccal.
Il existe une classification différente pour les enfants ayant moins de 36 mois (en fonction de la sévérité, des facteurs déclenchants, de l’existence d’une atopie ou terrain génétique allergique ou de l’évolution).
Asthme et activité physique
L’activité physique est recommandée chez les asthmatiques car elle permet d’augmenter les capacités respiratoires (avec renforcement des muscles respiratoires comme le diaphragme), d’assurer un meilleur contrôle de l’asthme et d’améliorer la tolérance à l’effort, en plus d’un effet bénéfique sur le moral, la diminution des risques cardio-vasculaires et une meilleure résistance au stress.
Avant de débuter une activité physique, il est toutefois recommandé de prendre rendez-vous avec son médecin traitant afin de vérifier le bon contrôle de son asthme et choisir un sport adapté.
Il n’y pas de sport spécifique recommandé pour les asthmatiques. Il peut être intéressant de pratiquer :
- la marche rapide, la randonnée, le vélo ou le roller qui améliorent la capacité respiratoire ;
- la natation ou l’aquagym ;
- le yoga ou le tai-chi qui favorisent le contrôle de la respiration ;
- des sports collectifs comme le volley-ball, le handball, etc ;
- mais aussi le tennis, la danse, la gymnastique, l’escalade, l’aviron, etc...
Les seuls sports qui ne sont pas recommandés chez les personnes asthmatiques sont :
- la plongée sous-marine avec bouteilles car l’air comprimé dans la bouteille est froid et totalement sec, ce qui peut déclencher une crise chez le sujet asthmatique. Il est néanmoins possible de pratiquer ce sport en cas d’asthme non sévère et bien contrôlé après la délivrance d’un certificat par un médecin de la Fédération française d’études et de sports sous-marins ;
- le parachutisme et autres sports exposant à des variations importantes de pression atmosphérique.
30 minutes d’activité physique modérée sont recommandées par jour. Et il est important de noter que l’activité physique peut faire partie de la vie quotidienne. Des changements d’habitudes permettent aussi de bouger et d’améliorer le souffle : prendre les escaliers à la place de l’ascenseur ou de l’escalator, se déplacer à pied ou à vélo plutôt que de prendre les transports ou la voiture, etc…
De plus, il est important de connaître les facteurs favorisants de l’asthme d’effort (qui peut survenir pendant ou après l’effort physique) :
- un effort de longue durée et de forte intensité ;
- un air froid et sec ;
- la pollution atmosphérique ;
- les pollens, en cas d’asthme allergique
- un asthme mal contrôlé avec une importante inflammation des bronches, qui les rend très réactives aux facteurs déclenchants.
Pour prévenir l’asthme d’effort, il est donc important :
- d’effectuer un échauffement progressif ;
- d’adapter l’intensité de son effort à ses capacités et au contrôle de son asthme
- s’hydrater régulièrement pendant son activité ;
- d’arrêter progressivement l’effort.
Le médecin pourra également prescrire, si nécessaire, la prise d’1 ou 2 bouffées de son traitement de crise, 10 à 15 minutes avant l’effort, afin de limiter le risque de crise d’asthme au cours de l’exercice physique.
Asthme et voyage
Un changement d’environnement peut être à l’origine du déclenchement des symptômes d’asthme. Il est donc important de prendre les précautions nécessaires avant de partir en voyage : évaluer le contrôle de son asthme, se renseigner sur la situation locale, s’adapter au moyen de transport et bien préparer ses traitements.
Avant de partir en voyage, il est conseillé de prendre rendez-vous avec le médecin traitant afin de s’assurer du bon contrôle de l’asthme. Il n’est pas recommandé de partir quelques jours après une crise d'asthme sévère qui reflète une mauvaise stabilisation de l’asthme. En effet, il est préférable de décaler son départ afin que le traitement modifié ou renforcé fasse son effet et que l’asthme soit équilibré.
Il est important d’éviter les climats secs, froids ou très chauds qui favorisent la survenue des crises d’asthme. Les lieux de très haute altitude (supérieure à 2500m) et les villes très polluées (Pékin, Mexico, New Delhi…) sont à éviter. Lorsque l’on est allergique au pollen, il est également déconseillé de se rendre à la campagne au moment des pics de pollinisation.
De plus, il faut éviter les intérieurs poussiéreux ou humides. Il peut être utile de prévoir sa propre literie (housse anti-acarien, oreiller synthétique…) afin d'éviter les allergies et il est important d’aérer les pièces. Enfin, il est judicieux d’éviter les endroits avec des animaux lorsque l’on est allergique (fermes, centres équestres…).
Les voyages en avion ne présentent pas de risque chez les personnes dont l’asthme est bien contrôlé. Il est toutefois important de garder avec soi en cabine le traitement de crise. Il est également conseillé de fermer les bouches de ventilation orientables. Enfin, les aérosols-doseurs ne sont pas à mettre en soute car ils risquent de se vider avec la dépressurisation.
En train, il est important de prévoir de quoi se couvrir (écharpe, foulard, pull…) car la température peut y être basse avec la climatisation, en fort contraste avec l’air extérieur, et il faut éviter les places près des fenêtres car elles se trouvent au niveau des grilles de ventilation qui brassent la poussière.
Lors des voyages en voiture, il ne faut pas abuser de la climatisation et si possible utiliser un système de climatisation avec un filtre à air. Dans les zones très polluées (périphériques, chantiers, épandage de pesticides…), il faut éviter d’ouvrir les fenêtres à cause de la poussière et des gaz d’échappement. Il faut également veiller à ce que l’intérieur de la voiture soit régulièrement dépoussiéré, éviter les désodorisants et demander aux proches de ne pas fumer en voiture. Enfin, il ne faut pas laisser les traitements aérosols-doseurs exposés au soleil car le contenu pourrait exploser.
Par ailleurs, il est impératif d’emporter ses différents traitements : le bronchodilatateur d'action rapide en cas de crise d’asthme (à garder avec soi durant le trajet et lors des déplacements), les médicaments du traitement de fond quotidien (avec les emballages et la notice, et en quantité suffisante pour la durée du séjour), la dernière ordonnance du médecin traitant (afin de renouveler son traitement habituel si besoin), des corticoïdes en comprimés (prescrits par le médecin pour les crises sévères) et un débitmètre de pointe (pour les patients atteints d’asthme sévère). Il est également possible de prendre avec soi de l’adrénaline injectable pour les personnes susceptibles de présenter des réactions allergiques majeures et dangereuses (œdème de Quincke et chute de la pression artérielle).
Il est aussi important de mettre à jour les vaccins avant le départ. Les patients allergiques aux protéines d’œuf doivent être vigilants car certains d’entre eux en contiennent. Par exemple : les vaccins contre la fièvre jaune, l’encéphalite à tiques, la rougeole, les oreillons et la grippe.
Enfin, les coordonnées de différents médecins, centres d’urgence et services de rapatriement sur place peuvent être utiles.
En conclusion, l’asthme est une maladie respiratoire chronique qui affecte de plus en plus de personnes dans le monde. Bien contrôlé, l’asthme n’a pas beaucoup d’impact sur la vie quotidienne et les patients peuvent vivre une vie quasiment normale. En revanche, il faut être vigilant à la bonne prise du traitement car un asthme mal contrôlé peut entraîner des crises sévères, à l'origine de complications importantes.
Sources :
https://ginasthma.org/wp-content/uploads/2019/09/GINA-2019-main-Pocket-Guide-French-wms.pdf
https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/asthme
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/asthma
https://eurekasante.vidal.fr/maladies/voies-respiratoires/asthme.html?pb=causes
https://eurekasante.vidal.fr/maladies/voies-respiratoires/asthme.html?pb=symptomes
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/asthme-vivre-maladie/asthme-activite-physique
https://eurekasante.vidal.fr/maladies/voies-respiratoires/asthme.html?pb=voyage
Publié le 30 nov. 2020
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